
Les fake news sont des armes de guerre
Il faut regarder la vérité en face : nous sommes confrontés aujourd’hui à une montée en puissance, pire, à une déferlante de désinformation.
La désinformation : une arme de guerre asymétrique !
C’est sans complexe, désormais, que des éléments sans fondements réels ou volontairement erronés sont présentés et publiquement défendus comme une information véritable.
Cette désinformation massive n’est pas le fruit du hasard. C’est, disent les spécialistes du renseignement, une arme de guerre asymétrique. Il s’agit, en fait, d’un élément d’une stratégie globale. Celle-ci a un but : déstabiliser le modèle démocratique nourrit par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Quand on renvoie, dos à dos, la parole vérifiée et la rumeur infondée on est pris soi-même au piège d’un relativisme destructeur comme si, au fond, à l’heure d’internet et de son flux permanent de « nouvelles », tout se valait : la vérité et le mensonge.
La doctrine Gerasimov
Il faut, ici, distinguer deux éléments différents :
D’abord, la montée en puissance des fausses informations délibérées. Il s’agit de saper la notion de vérité objective.
Si connaître la vérité n’est plus un objectif fondamental, à quoi bon, alors, s’encombrer de journalistes ?
Contester la primauté de la vérité sur le mensonge c’est vouloir mettre à bas l’édifice de l’état de droit.
Cette stratégie – car s’en est une – a été théorisée par un général russe. Elle porte son nom : la doctrine Gerasimov. Elle a pour but d’affaiblir l’immunité morale face à la propagande. Elle vise à réduire la confiance dans les sources du savoir des sociétés occidentales.
L’émergence des théories du complot chez les jeunes
Ensuite, il y a l’émergence, la prégnance des théories du complot et principalement chez les jeunes. La théorie du complot c’est considérer que l’explication d’un événement, d’une tragédie, doit être recherchée dans les agissements d’un groupe occulte, caché. Un groupe qui avance masqué et « contrôle tout ».
Le seul élément positif du complotisme, c’est que ceux qui s’y adonnent veulent comprendre le monde. Ils sont curieux. Ils posent parfois les bonnes questions. Mais ils apportent de mauvaises réponses.
Aujourd’hui, face à ce double péril – la désinformation comme arme de guerre et les théories du complot comme explication erronée du monde – les journalistes ont allumé des contre-feux.
Ils portent un nom : le fact checking.
En français : la vérification de l’information.
C’est un combat chronophage, fastidieux, jamais fini.
Mais c’est un réflexe indispensable, d’une impérieuse nécessité. Une question de survie. Un moyen de prouver que les journalistes sont indispensables dans la construction et la perpétuation d’un état de droit.
On touche là à l’essentiel.